L’Électricité d’Haïti (EDH), l’institution étatique fonctionnelle située sur le boulevard Harry Truman, est contrainte de quitter son imposant siège social en raison de l’insécurité grandissante dans les environs. Les bandits, dirigés par Johnson André, alias « Izo », ont fait régner leur emprise à Village-de-Dieu, mettant en danger la sécurité du personnel et des installations de l’EDH.
Le boulevard Harry Truman, autrefois un symbole de progrès et de développement, est désormais confronté à une réalité sombre. Une mare d’eau verdâtre empiète sur le gazon à l’entrée principale, témoignant de négligence et de délabrement. Des véhicules abandonnés avec des plaques d’immatriculation officielles jonchent la cour, rappelant l’emprise des gangs sur la région. Des poteaux électriques endommagés, des câbles traînant à terre et des transformateurs délaissés ajoutent au chaos ambiant. Malgré la présence armée à Village-de-Dieu, seule l’entrée principale de l’EDH affiche une indication de danger.
Après la Primature, le palais de justice de Port-au-Prince et le Parlement, c’est maintenant l’EDH qui se voit contrainte de déménager en raison de l’insécurité omniprésente. Les affrontements sanglants entre gangs armés, la lutte pour le contrôle territorial et la résistance aux forces de l’ordre ont transformé cet endroit en un véritable champ de bataille.
Si autrefois l’EDH fonctionnait pleinement, seuls quelques services subsistent aujourd’hui. Des tirs sporadiques résonnent autour du bâtiment déserté, créant un climat d’insécurité parmi les employés restants. À l’intérieur, bureaux, classeurs métalliques, documents et poubelles remplissent encore certains espaces de travail. Des appareils électroniques inutilisables s’entassent, rappelant une époque où ce bâtiment était un symbole de fierté nationale. Les employés affectés à d’autres agences situées à Delmas, rue Capois et Pétion-Ville continuent d’assurer certains services essentiels, tandis que les chefs de service se font rares.
Des éclats de verre jonchent le sol du deuxième étage, dont la façade a été détruite par les hommes armés du gang « Izo ». Rien ne fonctionne plus ici. Les projectiles ont abîmé le plafond et altéré la climatisation. Certains employés, craignant pour leur sécurité, ont préféré soit s’absenter, soit quitter le pays grâce au programme Humanitarian Parole mis en place par l’administration Biden. Les halls de l’EDH sont déserts, témoignant de l’abandon progressif de cette institution.
Le directeur général de l’EDH, Jean Hérold Morose, est installé depuis plusieurs mois à Juvénat, à Pétion-Ville, avec d’autres employés de l’institution. Cependant, le matériel de l’EDH reste encore au siège social du Bicentenaire, en attendant de trouver un espace approprié pour le stocker.
Le directeur administratif de l’EDH, Joachin Jose Davilmar, considère que le transfert des employés et de certains services vers d’autres agences est une mesure nécessaire pour assurer leur sécurité dans cette période d’insécurité. Il souligne que l’EDH veut protéger la vie de ses employés avant tout.
La construction d’un nouveau bâtiment n’était pas prévue dans l’immédiat en raison des défis logistiques posés par le déplacement du gros matériel de l’institution. Pour le moment, l’objectif est de sauver ce qui peut être sauvé et de continuer les opérations en attendant un retour à la normale.
Malgré les difficultés internes auxquelles l’EDH fait déjà face, les problèmes externes liés à l’insécurité rendent la situation encore plus précaire. Le fonctionnement normal de l’institution est compromis, ce qui entraîne d’importantes difficultés pour mener à bien ses opérations et percevoir des paiements.
L’EDH représente 3 500 emplois directs en Haïti, ce qui en fait une institution essentielle pour le pays. Les autorités travaillent activement à trouver des solutions durables pour rétablir la sécurité et permettre à l’EDH de reprendre pleinement ses activités. En attendant, des mesures temporaires sont prises pour assurer la continuité des services essentiels dans un environnement sécurisé.
Il est essentiel que toutes les parties prenantes, y compris les autorités haïtiennes et la communauté internationale, travaillent ensemble pour mettre fin à l’insécurité qui entrave le fonctionnement des institutions étatiques et compromet la stabilité du pays. Seule une approche collective et coordonnée peut garantir un avenir meilleur pour l’EDH et pour Haïti dans son ensemble.