Dans une décision qui suscite la controverse, la municipalité de Montréal a récemment modifié son règlement intérieur des bibliothèques publiques. À partir de janvier 2024, les personnes dont l’hygiène est jugée douteuse pourront se voir refuser l’accès à ces établissements et faire face à des amendes.
Cette décision a été rapportée par le média local La Presse et a immédiatement suscité des réactions mitigées. Alors que la municipalité cherche à améliorer l’expérience des autres usagers et du personnel des bibliothèques, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette mesure discriminatoire.
Les sanctions prévues en cas d’infraction à cette nouvelle règle sont sévères. Outre l’expulsion immédiate de la bibliothèque, une amende allant de 350 à 1000 dollars (235 à 675 euros) sera infligée lors de la première infraction. En cas de récidive, le montant de l’amendement pourrait même atteindre 3000 dollars, soit environ 2800 euros. De plus, il sera également interdit de dormir dans les bibliothèques.
Les bibliothèques publiques de Montréal sont reconnues comme des lieux de refuge pour les sans-abri, leur offrant chaleur, sécurité, accès à Internet et lien social. Par conséquent, ces nouvelles mesures ont suscité l’indignation des associations canadiennes de défense des sans-abri. Elles dénoncent une discrimination flagrante et une « dérive très inquiétante ». James Hugues, président-directeur général de la Mission Old Brewery, une association canadienne de défense des sans-abri, déclare : « Cette nouvelle règle remet en question le fait que les sans-abri soient les bienvenus dans l’écosystème de la bibliothèque avec tout ce qu’elle offre – ordinateurs, livres, connexion avec d’autres personnes ».
Annie Savage, directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qualifie cette mesure de « choquante et alarmante ». Elle souligne également que cela fait partie d’une tendance croissante visant à exclure les personnes sans abri des lieux publics, ce qui risque de stigmatiser davantage les personnes déjà marginalisées.
La maire de Montréal, Valérie Plante, assume la décision de la municipalité malgré les critiques. Dans un message publié sur le réseau social X, elle affirme : « En aucun cas, la discrimination n’a sa place à Montréal. Il faut cependant reconnaître que le personnel des bibliothèques vit des situations délicates et complexes, qui devaient d’être mieux encadrées ».
Nous modifierons la formulation de la nouvelle disposition au règlement des bibliothèques pour qu’elle reflète notre volonté d’inclusion dans tous les espaces de la Ville. En aucun cas, la discrimination n’a sa place à Montréal.
— Valérie Plante (@Val_Plante) November 24, 2023
Il faut cependant reconnaître que le personnel des…
Ces dernières années, de plus en plus de sans-abri ont trouvé refuge dans les bibliothèques publiques de Montréal. En septembre dernier, l’Association des bibliothèques publiques du Québec avait d’ailleurs appelé à l’embauche d’intervenants sociaux pour faire face à ces nouveaux défis.
Il reste à voir comment cette nouvelle mesure controversée sera mise en œuvre et quel impact elle aura sur les sans-abri de Montréal. Alors que les bibliothèques publiques offrent un espace de chaleur, de sécurité et de connexion pour les personnes en situation d’itinérance, cette décision risque de les exclure davantage de la société.
L’équilibre entre l’amélioration de l’expérience des usagers et le respect des droits des sans-abri est un défi complexe auquel la municipalité de Montréal doit faire face. Les associations de défense des sans-abri continueront de plaider pour des solutions qui garantissent l’accès équitable à tous les services publics, y compris les bibliothèques.
En attendant, la discussion autour de cette mesure discriminatoire continue de faire rage. Il est essentiel de trouver des moyens de soutenir les personnes les plus vulnérables de notre société tout en préservant les droits et les besoins des autres citoyens.