Depuis son installation à la Primature il y a deux ans, Ariel Henry n’a pas réussi à tenir ses promesses. Malgré la publication de deux accords politiques dans le journal officiel du pays, Le Moniteur, le Premier ministre est confronté à l’incapacité de mettre en œuvre la transition tant attendue.
Moins de 15 jours après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Ariel Henry a pris les rênes du pouvoir avec pour objectifs prioritaires la poursuite de l’enquête sur l’assassinat, la lutte contre l’insécurité, l’organisation des élections et la relance économique. Cependant, sans légitimité officielle ni mandat clair, il peine à faire avancer ces dossiers cruciaux.
Le premier accord politique, signé peu de temps après son arrivée au pouvoir, prévoyait la restauration de l’autorité de l’État, la création d’un climat sécuritaire propice à la paix et à la confiance de la population, ainsi que le renforcement des forces de sécurité nationale. Malheureusement, aucun de ces points n’a été respecté au cours de la première année de mandat d’Ariel Henry.
Face à ce constat d’échec, le Premier ministre et ses alliés ont signé un deuxième accord politique en décembre 2022. Celui-ci prévoyait également des mesures pour rétablir la sécurité, favoriser le dialogue et organiser des élections. Cependant, huit mois plus tard, seul le Haut Conseil de la transition a été créé, laissant planer des doutes sur la volonté réelle du gouvernement de mettre en œuvre les engagements pris.
Les critiques fusent de toutes parts. Des acteurs politiques et de la société civile estiment que ces accords doivent être plus inclusifs et impliquer davantage de secteurs de la société. Deux ans après leur signature, Ariel Henry et les signataires des accords sont pointés du doigt pour leur manque d’engagement et d’action concrète.
Sur le plan des droits humains, la situation s’est détériorée pendant ces deux années de gouvernance d’Ariel Henry. Le pays a connu une aggravation de la crise multidimensionnelle avec une absence totale d’État de droit et de gouvernance. Des massacres ont été perpétrés, dépassant en nombre ceux survenus pendant le mandat précédent.
Le Dr Claude Joseph, qui avait passé le relais à Ariel Henry, déplore un recul historique pour Haïti au cours de ces deux ans. La situation politique est marquée par des promesses non tenues, de la mauvaise foi et un exercice absolu du pouvoir. Les indicateurs socio-économiques sont au rouge, ce qui souligne l’échec de la gouvernance d’Ariel Henry.
Pour tenter de respecter les engagements pris, notamment en matière de lutte contre l’insécurité et de préparation des élections, le gouvernement mise désormais sur une intervention militaire étrangère en Haïti. Cependant, cette approche soulève des interrogations quant à la nécessité d’une telle intervention et met en évidence les lacunes du gouvernement d’Ariel Henry.
Dans ce contexte difficile, certains acteurs de la société civile haïtienne expriment leur déception quant à l’inaction du gouvernement et appellent à un dépassement des clivages politiques pour parvenir à une entente nationale durable.
Joseph Dominique Orgella, coordinateur général du Conseil national de la société civile haïtienne (CNSCA) et signataire des deux accords politiques, estime que des efforts supplémentaires doivent être consentis pour parvenir à un accord plus inclusif. Il souligne également le besoin d’impliquer davantage de secteurs de la société dans la gestion du pays, afin de garantir une transition véritablement démocratique.
De son côté, Pierre Espérance, défenseur des droits humains et directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains, déplore les deux années d’Ariel Henry au pouvoir comme étant une période marquée par le manque de respect des droits humains et l’absence d’État de droit. Il souligne que la situation sécuritaire s’est dégradée, avec un nombre accru de massacres pendant ces deux années par rapport au mandat précédent.
Le Dr Claude Joseph, qui a précédé Ariel Henry en tant que Premier ministre, considère ces deux années de transition comme un recul historique pour Haïti. Il critique l’incompétence, le manque de transparence et le pouvoir absolu exercé par Ariel Henry et ses alliés politiques. Selon lui, tous les indicateurs socio-économiques sont au rouge, illustrant ainsi l’échec de cette période de transition.
Face à ces constats alarmants, le gouvernement mise maintenant sur une intervention militaire étrangère pour garantir le rétablissement de la sécurité et permettre l’organisation des élections. Cependant, cette approche soulève des interrogations quant à la souveraineté nationale et à la responsabilité du gouvernement haïtien dans la résolution des problèmes du pays.
En conclusion, les deux ans de pouvoir d’Ariel Henry ont été marqués par l’absence de résultats concrets, le manque de légitimité et l’incapacité à mettre en œuvre les accords politiques signés. Les promesses non tenues, la détérioration de la situation socio-économique et les atteintes aux droits humains ont entaché la gouvernance du Premier ministre. La nécessité d’un accord plus inclusif et d’un réel engagement de toutes les parties concernées se fait de plus en plus pressante pour sortir de cette crise multidimensionnelle et permettre à Haïti de retrouver stabilité et prospérité.