La tension monte entre la République dominicaine et Haïti alors que le gouvernement dominicain fait face à la construction controversée d’un canal sur la rivière Massacre, située du côté haïtien. Pour protester contre cette entreprise unilatérale, le président dominicain, Luis Abinader, a convoqué une réunion du Conseil de sécurité nationale. Ce lundi, un train de mesures a été annoncé, donnant un ultimatum à Haïti.
Parmi les mesures prises par le Conseil de sécurité nationale figurent la suspension du service d’émission de visas aux Haïtiens, la fermeture de la frontière et même la menace de fermer le trafic aérien entre les deux pays qui se partagent l’île. Ces actions sont clairement destinées à exprimer la détermination de la République dominicaine à résister à cette violation présumée du traité de paix signé entre les deux pays en 1929.
Le Conseil de sécurité nationale a également pris des mesures pour soutenir les agriculteurs dominicains en assurant leur approvisionnement en eau. Dans cet esprit, il a été décidé de réactiver la prise en charge douanière sur la rivière Dajabón, à l’embouchure du canal La Vigía, afin de garantir temporairement l’approvisionnement en eau des producteurs dominicains. De plus, le projet de construction du barrage Don Miguel a été lancé pour fournir une solution à long terme. Ce projet, dont la conception a débuté l’année dernière, devrait prendre environ 30 mois et coûter environ 2,7 milliards de pesos. Les procédures d’appel d’offres commenceront immédiatement.
Le Conseil de sécurité nationale a également appelé à une réunion bilatérale de la table hydrique binationale afin de trouver une solution définitive. Une mission diplomatique haïtienne est prévue pour se rendre en République dominicaine mercredi 13 septembre. Cependant, les autorités haïtiennes n’ont pas encore commenté publiquement la décision des agriculteurs de Ouanaminthe de poursuivre la construction du canal, un projet qui avait été suspendu pendant la présidence de Jovenel Moïse.
Le gouvernement haïtien affirme ne pas soutenir ni participer à ce projet et a souligné à plusieurs reprises son désaccord avec sa construction. Cependant, le Conseil de sécurité nationale de la République dominicaine indique que des particuliers mènent les travaux de manière unilatérale, arguant que ces promoteurs cherchent à garantir l’approvisionnement en eau à des fins commerciales. Le gouvernement haïtien a admis sa difficulté à résoudre les conflits internes en raison de la perte du monopole de la force de l’État aux mains d’organisations criminelles.
La République dominicaine estime que ce projet de canal constitue une violation flagrante de l’article 10 du traité de paix, d’amitié et d’arbitrage signé entre les deux pays en 1929. Cet article stipule clairement que les deux parties s’engagent à ne faire ni consentir aucun ouvrage susceptible de changer le cours naturel des eaux ou d’altérer leur débit. La République dominicaine considère donc que ce projet unilatéral vise à nuire à son gouvernement et à créer un conflit avec le pays voisin.
Le traité de paix précise également que les deux États ont le droit d’utiliser les rivières et autres cours d’eau de manière juste et équitable pour l’arrosage des terres et d’autres fins agricoles et industrielles. Certains partisans de la construction du canal estiment donc qu’il est légitime pour les Haïtiens de procéder à cet ouvrage, arguant que les Dominicains bénéficient déjà de plusieurs prises sur cette rivière.
Cependant, la République dominicaine reste ferme dans sa défense de la souveraineté nationale et la garantie de sa sécurité. En prenant des mesures drastiques telles que la suspension des visas pour les citoyens haïtiens et la fermeture de la frontière, le gouvernement exprime sa détermination à faire respecter le traité de paix et à protéger ses intérêts.
Une réunion bilatérale de la table hydrique binationale est prévue pour trouver une solution définitive à ce conflit. La mission diplomatique haïtienne doit se rendre en République dominicaine dans les prochains jours. Il reste à voir si les deux pays pourront trouver un terrain d’entente et résoudre cette situation délicate.
En attendant, la tension persiste entre les deux nations qui partagent une histoire complexe et des défis communs. La construction de ce canal sur la rivière Massacre continue de diviser les opinions et de mettre à l’épreuve les relations déjà fragiles entre Haïti et la République dominicaine. Seul le temps dira comment cette affaire se conclura et si les deux pays pourront trouver une issue pacifique à ce différend.