L’année 2022 a vu un nombre record de déportations de migrants haïtiens vers la République Dominicaine, avec plus de 170 000 personnes concernées. Les autorités dominicaines ont affirmé que ces personnes n’avaient pas les papiers nécessaires pour demeurer légalement sur leur territoire.
Mardi 28 février, lors de son discours devant le congrès dominicain, le président Luis Abinader a déclaré que plus de 170 000 migrants haïtiens avaient été renvoyés à Haïti en 2022.
Le président a souligné dans son discours annuel devant le Parlement que jamais auparavant un gouvernement n’avait autant fait pour protéger l’intégrité de la République dominicaine à ses frontières et qu’il ferait preuve de fermeté dans sa politique migratoire, tout en respectant les droits humains.
Depuis sa prise de fonction en 2020, le président Abinader a renforcé les réglementations d’immigration en Haïti. Haïti et la République Dominicaine partagent l’île d’Hispaniola et des relations complexes remplies de ressentiment et de méfiance.
Le président a décrit la construction de la clôture le long des 380 kilomètres de frontière qu’ils partagent comme un « objectif stratégique », et a annoncé que 54 kilomètres avaient déjà été construits dans les zones les plus peuplées, qui devraient être achevés en mai 2022.
Les autorités ont pris des mesures pour arrêter les migrants, y compris les femmes enceintes. Le président Abinader a indiqué que 171 000 migrants avaient été expulsés l’année dernière, soit une augmentation de 102 % par rapport aux 85 000 expulsions en 2021.
Julio Benito, directeur du service des demandeurs d’asile et des migrants du ministère de l’Intérieur, a déclaré que les expulsions ont augmenté de façon significative, passant de 8 636 en 2011 à 67 400 en 2019.
Abinader a souligné qu’il n’y avait pas et ne pourrait y avoir de solution dominicaine aux problèmes d’Haïti. Il a ajouté qu’une formule de responsabilité partagée devrait être mise en place à Haïti, impliquant les Haïtiens bien sûr mais également ceux qui possèdent le plus et sont parmi les plus développés.
Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a exhorté les autorités de la République Dominicaine à mettre fin aux retours forcés des migrants haïtiens le 10 novembre 2022.
Le responsable de l’ONU a averti que les conditions sécuritaires actuelles en Haïti ne sont pas suffisamment favorables pour le retour des migrants, étant donné les « violences armées incessantes et les violations des droits humains systématiques ».
Luis Abinader, le président de la République Dominicaine, avait qualifié les déclarations du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, et mettant en garde contre les expulsions forcées des migrants haïtiens » d’inacceptables et d’irresponsables « . Il a également rejeté cette mise en garde et a averti que » les expulsions ne cesseront pas seulement, mais seront au contraire multipliés « .
En dépit de la mise en garde des Nations Unies contre les expulsions forcées des migrants haïtiens, le président Luis Abinader a maintenu sa politique migratoire et l’a renforcée cette année. Les autorités dominicaines affirment qu’elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger l’intégrité de la République Dominicaine à ses frontières et respectent les droits humains, mais il est important que nous soyons conscients des problèmes complexes auxquels sont confrontés Haïti et la République Dominicaine dans leurs relations bilatérales.