Les ravages de la violence armée continuent de secouer la zone métropolitaine de Port-au-Prince, générant une crise humanitaire sans précédent. Selon le 6e rapport de la direction générale de la Protection civile, publié le 8 septembre 2023, près de 25 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en raison des violences des gangs au cours du mois d’août.
Le rapport révèle que les secteurs particulièrement touchés par les violences armées sont Carrefour-Feuilles, Savane Pistache et leurs environs. Dans ces zones, pas moins de 22 786 personnes déplacées ont été enregistrées dans 28 sites. De plus, la commune de Tabarre a également été sévèrement affectée, avec 2 048 déplacés recensés dans 4 sites.
Malheureusement, outre les conséquences directes de la violence, de nouveaux risques sanitaires émergents. Des cas potentiels de choléra ont été signalés, ce qui pourrait entraîner une transmission massive de cette maladie aux personnes déplacées. Les gangs armés continuent de menacer la population, obligeant une dizaine de sites à être complètement évacués.
Parmi les sites touchés, on retrouve ceux situés à Place Jérémie, Wesleyenne, Bécassine, et Carrefour-Feuilles, qui ont été démantelés. Des sites tels que Campêche, l’Avenue Christophe et la rue Cadet Jérémie à Turgeau sont également en danger, soumis aux attaques des groupes armés. Parmi tous les sites, le Gymnasium Vincent à la rue Romain accueille la plus grande affluence avec deux mille déplacés.
Face à cette crise humanitaire, les besoins prioritaires identifiés par la Protection civile sont l’alimentation, les kits d’hygiène, les soins médicaux, l’eau potable, l’éclairage, la vidange, les matelas, les couvertures de laine ainsi que le matériel de nettoyage et de travail.
En réponse à cette situation alarmante, la Protection civile a activé partiellement le Centre d’opérations d’urgence national (COUN). Les comités communaux (CCPC) et les comités locaux de Protection Civile (CLPC) ont été totalement mobilisés. Des distributions de repas chauds ont été effectuées grâce au programme FAES et au PAM dans plusieurs sites. Parallèlement, une permanence pour les évacuations médicales et la surveillance épidémiologique a été mise en place, ainsi que la fourniture de trousses d’hygiène, entre autres mesures.
Selon le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), entre le 13 et le 16 août, les attaques du gang de Gran Ravin et de ses alliés contre la population de Carrefour-Feuilles ont été particulièrement meurtrières. Le CARDH a enregistré temporairement 15 décès, dont trois personnes âgées, deux policiers et deux enfants, ainsi que près de 40 blessés et 27 maisons incendiées. Ces chiffres témoignent de la brutalité de la violence qui sévit dans la région.
Cette situation alarmante a attiré l’attention des organisations humanitaires et des agences internationales, qui se mobilisent pour apporter une assistance aux personnes déplacées. Cependant, les défis restent nombreux. Les ressources sont limitées et les conditions de vie dans les sites de déplacement sont précaires.
La population déplacée a un besoin urgent d’accès à la nourriture, à l’eau potable et à des soins médicaux adéquats. Les kits d’hygiène sont également essentiels pour prévenir la propagation des maladies dans ces conditions difficiles. De plus, la sécurité des personnes déplacées reste une souffrance majeure, car les gangs armés continuent de menacer leur sécurité.
Face à cette crise humanitaire, il est essentiel de renforcer la coordination entre les acteurs humanitaires et les autorités locales pour assurer une réponse efficace. Il est également nécessaire de mettre en place des mécanismes de protection pour garantir la sécurité des personnes déplacées et faciliter leur retour en toute sécurité dans leurs communautés d’origine.
La violence des gangs à Port-au-Prince est un problème complexe qui nécessite une approche multidimensionnelle. Il est crucial de s’attaquer aux causes profondes de cette violence, telles que la pauvreté, le chômage et l’absence de perspectives d’avenir pour les jeunes. Des investissements dans l’éducation, la formation professionnelle et la création d’emplois sont indispensables pour briser le cycle de la violence.
En conclusion, la violence des gangs à Port-au-Prince conduit à un afflux massif de personnes déplacées internes, créant une crise humanitaire préoccupante. La mobilisation des acteurs humanitaires, des gouvernements locaux et de la communauté internationale est essentielle pour répondre aux besoins urgents des personnes déplacées et travailler à long terme pour mettre fin à cette violence destructrice.