Au cours des derniers jours, le quartier de Carrefour-Feuilles a été le théâtre d’attaques perpétrées par les groupes armés de Gran Ravin, dirigés par « Ti Lapli ». Ces violences répétées ont produit un climat de peur et d’incertitude, poussant environ 10 000 personnes à quitter précipitamment leurs domiciles afin de sauvegarder leur vie et celle de leurs proches.
Les déplacés, interviewés par Loop dans le Gymnasium Vincent, lancent un appel à l’aide désespérée. Parmi eux, Gladys Jean, une femme de 65 ans souffrant de problèmes de vision, raconte avec émotion avoir été contrainte de quitter sa maison incendiée par le gang. « Je me sentais impuissante en raison de ma cécité, et ces attaques ont rendu ma situation encore plus difficile », déclare-t-elle, les larmes aux yeux.
Nathanaëlle Jeanty, une mère de cinq enfants, en est à son deuxième déplacement forcé en raison des violences des gangs. Après avoir fui Martissant en raison des affrontements entre les gangs de Gran Ravin et de Fontamara, elle s’est installée à Carrefour-Feuilles. Cependant, les événements récents l’ont contraint à fuir à nouveau. Elle exprime sa colère face à l’inaction des autorités et leur manque d’intérêt pour la sécurité des citoyens.
Sarah, âgée de 16 ans, témoigne également de l’horreur vécue lors de son départ précipité de Carrefour-Feuilles. Dans un chaos total, avec des tirs et des maisons en feu, elle a été séparée de son père et de ses frères. Elle attend toujours des nouvelles de leur sécurité, tout en espérant le meilleur.
Marlène, une habitante de Carrefour-Feuilles depuis dix ans, témoigne du calme relatif qui régnait dans le quartier jusqu’à cette série d’attaques. Cette situation sans précédent a plongé la communauté dans la terreur, forçant les résidents à vivre dans la crainte constante du gang de Gran Ravin.

Malheureusement, ces attaques ont entraîné la perte de deux agents de police et la mort d’au moins 15 personnes, selon les informations du Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH). Les viols et les destructions de maisons ont également été signalés. Au total, plus de 10 000 personnes ont fui leurs foyers, cherchant refuge et sécurité ailleurs.
Il est important de rappeler qu’en juin 2021, des milliers de personnes ont déjà été contraintes de quitter Martissant pour se réfugier à Carrefour en raison des affrontements violents entre gangs rivaux dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. À cette époque déjà, le Gymnase du Centre Sportif de Carrefour avait accueilli plus d’un millier de personnes, dont de nombreuses femmes et enfants, dans des conditions très difficiles.
La situation actuelle à Carrefour-Feuilles souligne la nécessité d’une action urgente de la part des autorités locales et nationales pour mettre fin à la violence des gangs armés. Les résidents vivent dans la peur constante, leur sécurité et leur bien-être étant compromis. Il est essentiel de mettre en place des mesures efficaces pour protéger la population et rétablir la tranquillité dans le quartier.
Les déplacés, dont certains ont déjà été victimes de violences antérieures dans d’autres quartiers, expriment leur frustration face au manque d’intervention concrète des autorités. Ils se sentent abandonnés et demandent une assistance immédiate pour reconstruire leur vie et retrouver un semblant de stabilité.
Les témoignages poignants de Gladys Jean, Nathanaëlle Jeanty, Sarah et Marlène ne sont que quelques-uns parmi les milliers de voix qui appellent à l’aide. Leur cri est un symbole poignant de la souffrance et de la détresse vécues par la population de Carrefour-Feuilles.
Il est crucial que les autorités prennent des mesures pour renforcer la sécurité, augmentent la présence policière et mettent fin à l’impunité des gangs armés. Des efforts doivent également être déployés pour fournir une assistance humanitaire adéquate aux personnes déplacées, en leur offrant un abri sûr, de la nourriture et des soins médicaux.
Il s’agit d’une crise humanitaire qui appelle à une réponse immédiate et coordonnée. La communauté internationale doit également apporter son soutien en mobilisant des ressources financières et logistiques pour aider les autorités haïtiennes à faire face à cette situation d’urgence.
L’heure est venue de protéger les droits fondamentaux des résidents de Carrefour-Feuilles et de travailler ensemble pour rétablir la paix et la sécurité dans la région. Chaque personne mérite de vivre dans un environnement sûr et stable, libre de la menace constante de la violence et des attaques des gangs armés. Agissons maintenant pour offrir un avenir meilleur à ceux qui ont été forcés de quitter leurs foyers et de reconstruire leur vie dans l’incertitude.